DB HENRI III. [i583]                        _»57
Le jeudy 14 d'avril, sur les deux heures apres midy, le seigneur de Mouy (O, qui dès long-temps cherchoit tous moyens de vanger la mort de son pere par celle de Maurevert qui l'avoit assassiné près Niort en 1569, l'ayant trouvé près la Croix des Petits-Champs vers Saint-Hénoré, le chargea l'épée au poing, et le poussa vers la barriere des Sergens, devant l'église de Saint Honoré. Et pour ce que ledit Maurevert étoit manchot, il ne put tirer son épée; tellement qu'en reculant il reçut dudit de Mouy deux ou trois grands coups d'épée, et un entr'autres dont il fut percé par le bas du ventre jusques à la mammelle gauche. Et lui donna ce sei­gneur de Mouy ce coup, parce qu'il le pensoit armé d'une cuirasse, comme ordinairement il étoit!, combien que lors il ne le fut point; et doutant qu'il n'eût à mourir des coups qu'il lui avoit donnés, pour ce qu'il étoit toujours sur les pieds, reculant et parant aux coups incessamment, il le poursuivit jusques au ruis­seau de la grande ruë Saint-Honoré, où il le joignit de si près qu'il lui alloit couper la gorge. [Un soldat de Maurevert mira de si près ledit seigneur de Mouy, qu'il lui tira le coup de la mort : car la balle ramée entrant par la bouche, lui rompit la machoire inférieure et la langue; et traversant le cerveau, sortit par le derriere de la tête; ] et tomba mort dans le ruisseau : [car à ce conflit ils se trouverent neuf ou dix de chaque part. ] Le jeune Saucourt, combattant pour de Mouy son parent, fut blessé d'un coup de poitrinal, et mourut tot après. Maurevert mourut la nuit suivante.
En ce tems, M. Pierre de Gondy, evêque de Paris,
IO Le seigneur de Mouy : CUude-Louis de Vaudray, seigneur de Mony.
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